L’histoire du Musée
des Égouts de Paris
Bien avant la création du Musée, des visites des égouts sont organisées. Dès 1867, année de l’Exposition universelle, ces visites rencontrent d’entrée de jeu un immense succès. Et pour cause : lieu souterrain, caché à tous ceux qui évoluent à la surface de la ville, les égouts de Paris nourrissent inlassablement l’imagination des habitants de la capitale et des artistes. Pour ces derniers, les égouts ne sont pas un simple réseau de galeries sombres véhiculant les déchets de la société. Ils sont une inépuisable source d’inspiration et de fantasmes. Comme un décor surnaturel, un labyrinthe où l’on croiserait personnages de fiction et autres animaux fantastiques. Rien d’étonnant à ce que tant de monde ait souhaité y descendre dès que cela fut possible…
En 1867, la « promenade » dans les égouts de Paris est guidée par les égoutiers. Elle se déroule en bateau ou en wagon-vanne. C’est une sortie très prisée, qui attire un public varié : s’y pressent têtes couronnées, gens du monde en quête de frissons, sans oublier les ingénieurs en mission d’étude. Tous peuvent découvrir ici la modernité de la capitale et de son fonctionnement souterrain.
Premières visites,
mondanités
souterraines…
Deux mercredis par mois, entre Pâques et octobre, se déroule une des visites les plus courues de Paris, celle des égouts. Elle dure près d’une heure de Châtelet à Madeleine en passant par la Concorde via les collecteurs Sébastopol et Rivoli et celui d’Asnières. Durant la première partie du trajet, les femmes prennent place sur un bateau, les hommes les suivent à pied, ensuite tous s’installent dans un wagon-vanne muni de sièges confortables, poussé par quatre égoutiers en tenue blanche.
« …les demandes de visites des égouts prirent bientôt des proportions si considérables, que je dû faire organiser de véritables trains dans les collecteurs. Les wagons-vannes servant au curage ordinaire des égouts se prêtaient mal à recevoir des visiteurs. Je fis alors construire neuf petits wagonnets spéciaux, d’un modèle élégant et munis de banquettes suffisantes pour pouvoir contenir chacun dix personnes. »
Eugène Belgrand,
Les travaux souterrains de Paris, volume 5.
1906 : Visites en véhicules électriques…
Le parcours de la visite évolue après la construction de la première ligne de métro. Deux sections sont proposées via les collecteurs du Centre ou de Petits-Champs et Sébastopol : quai du Louvre-Châtelet parcourue en bateau et Châtelet jusqu’à Arts et Métiers en wagon.
La traction est désormais électrique. Le trajet s’effectue dans les deux sens et le transbordement se fait au Châtelet. Chaque convoi emporte une centaine de visiteurs, admiratifs devant les galeries spacieuses, illuminées et quasiment sans odeur.
1913 : Visites
pédagogiques…
Pas de visite sans sésame : on doit présenter pour y accéder une carte d’entrée, à se procurer auprès de la direction administrative des travaux ou du service technique des égouts et assainissements.
L’aspect pédagogique de la visite est développé, grâce à des nombreux panneaux présentant le bassin de dessablement ou la dérivation du collecteur, les eaux de la vanne, les horloges pneumatiques.
À l’intersection de la rue de Rivoli et du boulevard de Sébastopol est indiquée la proximité du chemin de fer métropolitain, qui passe sous le croisement des deux égouts.
1950-1960 : Visites
en wagon, sans
réservation…
Après la seconde guerre, l’entrée de la visite des égouts se situe place de la Concorde : le trajet mène jusqu’à la Madeleine après un rapide parcours dans le collecteur de la rue Royale.
Les visites sont désormais organisées le jeudi, deux fois par mois en mai et juin, chaque semaine entre le 1 er juillet et le 15 octobre ainsi que le dernier samedi de chaque mois. Les visiteurs sont admis dans la limite des places disponibles, sans réservation possible, et un droit d’entrée est perçu à la descente.
1975, naissance
du musée des égouts…
Le trajet en wagon sous Paris disparaît. A partir de 1975, un musée raconte l’histoire des égouts et de ses divers outils et machines. Il est installé dans l’usine Alma, au départ du siphon, au cœur d’un site en exploitation. Les visiteurs le parcourent sur 500 mètres, sous la conduite des égoutiers. Réaménagé une première fois en 1989, le musée accueille environ 100 000 visiteurs par an.
A l’été 2018, la Visite publique des égouts ferme ses portes pour une rénovation complète de son parcours.